Chaque ville a ses habitudes. Sa culture, ses attitudes, ses codes. À Bruxelles, les automobilistes klaxonnent avant même que le feu devienne vert, la conduite est sportive mais, quelque soit leur vitesse, les voitures s’arrêteront toujours pour laisser passer les piétons. Les gens se bousculent dans la rue, ne semblent pas se voir, mais tutoient un.e inconnu.e au qui se commande une bière au bar. Dans les transports en commun, personne ne se parle ou se regarde, mais tout un débat politique avec humour naîtra à l’arrêt si le bus n’arrive pas et on indiquera au jeune gars où il doit descendre.
Bien sûr, il y a la langue, les codes propres au pays, à la ville et même par commune ou quartier. Et quand je roule, on me demande si je vais « Chaussée de Gand? » « Heyzel? » « Place Liedts? » « Saint-Guidon? » « Montgomery? » « ULB? » ou « à l’Hôpital des Enfants.
Et parfois, on me demande aussi si je vais à « Chicago? ».
…
Chicago, comme indiqué sur le dessin, c’est un quartier de Bruxelles, situé entre la place de l’Yser et Sainte-Catherine. J’avoue que ça me fait voyager à chaque fois !
🩴 🌴 Et vous, vous allez où pour les vacances? 🌴 🌊
⬇️ ⬇️ ⬇️ (re)découvrez l’article original de décembre 2018 : ⬇️ ⬇️ ⬇️
Des gommes et des crottes de nez. Tel est le titre de mon article posté à la rentrée scolaire 2017. Dès mes premiers jours de conduite, j’ai très vite remarqué des voyageurs et voyageuses pas comme les autres. De petites personnes qui semblaient ultra excitées de voir arriver mon tram et encore plus de monter dedans. Qui me faisaient de grands « coucou » à l’arrêt et de grands « aurevoir » après être descendues. Qui hurlaient de joie au démarrage. Alors quand la journée est difficile, quand les gens ne sont pas spécialement sympas, quand il drache, quand mon service est interminable, entendre un.e enfant vivre sa meilleure vie sur un siège derrière mon poste de conduite, cela me rebooste pour quelques heures !
À quelques semaines des vacances d’été, j’ai envie de vous repartager ce chouette article de la saison 2, rempli de leurs histoires. Pour rendre hommage à ces « cheerleaders » qui m’ont faite me sentir utile dès le premier jour, voici une belle collection de petits mots doux entendus dans mon tram:
– planches originales, colorées à la main –
Bonnes vacances les loulous !
⬇️ ⬇️ ⬇️ (re)découvrez l’article original de septembre 2017 : ⬇️ ⬇️ ⬇️
Dans un dépôt, il y a bien sûr le personnel de conduite. Aussi les « foot foot », celleux qui sont dans les bureaux et roulent dès qu’il y a nécessité. Iels sont en permanence en réserve. On trouve également les assistant.es, qui gèrent toute l’organisation des services, des absences, des congés, des permutations et des demandes diverses. Un ou plusieurs gestionnaires de lignes ou réseau ne sont pas loin, et puis bien sûr le.la ou les chef.fes de dépôt chapeautent le tout. En parallèle, les technicien.nes ont leur système de travail bien propre à elleux, sans oublier le personnel de nettoyage.
En arrivant à Ixelles, en plus de plonger dans un dépôt bien plus grand et plus rempli, j’ai eu le plaisir de découvrir le confort d’une caféteria sur place et les sympathiques dames qui la gèrent. Mais j’ai aussi rencontré de drôles de personnages…
C’est par hasard, ou plutôt guidée par ma grande curiosité que je les ai découverts. Souvent, je croisais des techniciens qui semblaient nettoyer les trams lors de mes pauses. Ce qui m’étonnait, c’était de parfois les croiser en uniforme de conduite, ou carrément à la commande d’un tram. Je pigeais pas trop! À force d’être synchros dans nos breaks et repas, on a fait connaissance comme cela: en mangeant ensemble. Driss me proposait toujours de partager ses merveilleux plats cuisinés par sa femme (…) (gros big up à elle), me versait du café et me filait pleins de bonbons (c’est son deuxième job). Se joignaient régulièrement à nous 2 autres mêmes personnages sympathiques. Après des semaines d’observation et de discussion, j’ai compris qu’ils formaient un trio et que c’était eux, les fameux « mixtes » dont j’entendais parler.
recherches
Dès 14h, à leur prise de service, Mohamed, Driss et Hatim (et ensuite Hamza rejoindra leur team) conduisent quelques heures. Un demi service sur les rails. Vers 17-18h, deuxième partie de la journée: ils troquent leur uniforme contre un bleu de travail et tour à tour, ils balaient les trams qui rentrent au dépôt, jusque 22h.
Au final, c’est eux que je vois le plus régulièrement. Entre les congés, les maladies et horaires variables, parfois plusieurs mois passent sans qu’on ne croise tel ou telle collègue.
Avec les Mixtes, nos horaires coïncident. Et les discussions vont bon train! Chacun a toujours des histoires plus ou moins cocasses à raconter. Hatim m’a conseillé plus d’une fois d’aller près d’Antibes en France, pour lui c’est juste ma-gni-fique. (J’ai pu vérifier que c’était vrai). Driss me parle du bon vieux temps à la Stib et de ses étés au Maroc. Mohamed est plus discret mais toujours souriant et disponible. Quand l’un d’eux est absent, je reprends son service, mais avec le luxe de ne pas nettoyer. Je suis alors de réserve et je peux encore mieux les observer et les connaître 😉
⬇️ ⬇️ ⬇️ (re)découvrez l’article original de juin 2019, avec la mise en couleurs : ⬇️ ⬇️ ⬇️
Durant la 4ème saison de Trame, j’ai partagé la voix de mes collègues. Ayant récolté pendant des années leurs histoires et anecdotes, il fallait bien que je vous les transmette!
Ma collègue super star anonyme du dépôt de l’Avenue du Roi, qu’on appellera ici Charlotte, m’a envoyé 3 histoires. Je les ai mises en images pour un double plaisir. Cliquez sur les 3 audios (enregistrés avec une nouvelle née dans les bras qui dormait, d’où la douce voix 😉 ) pour les découvrir. Attention, elles donnent des frissons!
Charlotte anecdote – Partie 1planche originale, mise en couleur avec Photoshop après scanCharlotte anecdote – Partie 2planches de rechercheCharlotte anecdote – Partie 3
Encore merci Charlotte! Ma collègue, ma pote, ma colpote 😀
⬇️ ⬇️ ⬇️ (re)découvrez les 3 articles originaux de janvier et février 2020 : ⬇️ ⬇️ ⬇️
Sur ces trajets que l’on parcourt et répète par centaines, d’un terminus à l’autre, on crée nos habitudes. On sait où achète notre Milky Way ou autre douceur, nos fruits, nos sandwiches et où se boire un bon café. Où prendre le soleil au break et où faire vite fait une course. Aussi, on remarque de suite les changements dans les quartiers: les arbres en fleurs, les travaux finis, les nouveaux commerces ou ceux qui ont fermé.
Surtout, on s’habitue à quelques client.es réguliers.ères. Il y a le cowboy à Anderlecht avec son chapeau, qui nous salue tel un professionnel du Western. Il y a cette famille avec 3 enfants qui prennent leur goûter dans le 81. Ces deux soeurs qui semblent aller au sport. Cette pauvre dame ixelloise qui se shoote à l’éther et empeste tout le tram. L’odieux personnage qui crie et insulte à chacune de ses visites.
Et puis il y cette mamy…
planche originale, mise en couleur avec Photoshop après scanrecherches recherche
Elle nous dépose un caramel sur le monnayeur et toque doucement à la vitre si on n’avait pas remarqué sa présence. Elle ne dit mot, personne ne connaît sa voix. Mais elle nous pointe son cadeau du doigt, que l’on reçoit avec fierté et tendresse. Un jour, j’ai changé de dépôt et je ne l’ai plus jamais revue.
⬇️ ⬇️ ⬇️ (re)découvrez l’article original d’octobre 2018, avec la mise en couleurs : ⬇️ ⬇️ ⬇️