L’amour au travail, même post Covid, c’est toujours tendance. Les chiffres sont clairs: sur 2000 personnes sondées, plus d’un tiers a déjà développé un intérêt sentimental particulier pour un.e collègue. Parmi ce tiers, 59% ont fini par avoir une relation amoureuse, ce qui représente 18%, presque une personne sur 5 qui est passée à l’acte*. Et plus l’entreprise est grande, plus le match est possible et plus il est facile d’être discret. Alors, parmi 9000 employé.es à la Stib, vous vous doutez bien qu’il y a des attirances, des sentiments et des passages à l’acte! Et ce qu’on adore, ce sont les bébés 100% Stib 😀
Allez hop, hétéros, homos ou autre: toustes à la machine à café!!
planches originales
J’ai récolté les histoires d’amour auprès de mes collègues et les ai mises en images ❤
Sur ces trajets que l’on parcourt et répète par centaines, d’un terminus à l’autre, on crée nos habitudes. On sait où achète notre Milky Way ou autre douceur, nos fruits, nos sandwiches et où se boire un bon café. Où prendre le soleil au break et où faire vite fait une course. Aussi, on remarque de suite les changements dans les quartiers: les arbres en fleurs, les travaux finis, les nouveaux commerces ou ceux qui ont fermé.
Surtout, on s’habitue à quelques client.es réguliers.ères. Il y a le cowboy à Anderlecht avec son chapeau, qui nous salue tel un professionnel du Western. Il y a cette famille avec 3 enfants qui prennent leur goûter dans le 81. Ces deux soeurs qui semblent aller au sport. Cette pauvre dame ixelloise qui se shoote à l’éther et empeste tout le tram. L’odieux personnage qui crie et insulte à chacune de ses visites.
Et puis il y cette mamy…
planche originale, mise en couleur avec Photoshop après scanrecherches recherche
Elle nous dépose un caramel sur le monnayeur et toque doucement à la vitre si on n’avait pas remarqué sa présence. Elle ne dit mot, personne ne connaît sa voix. Mais elle nous pointe son cadeau du doigt, que l’on reçoit avec fierté et tendresse. Un jour, j’ai changé de dépôt et je ne l’ai plus jamais revue.
⬇️ ⬇️ ⬇️ (re)découvrez l’article original d’octobre 2018, avec la mise en couleurs : ⬇️ ⬇️ ⬇️
Mon passage à la Stib aura certainement été marqué par mon engagement auprès de mes collègues féminines.
Dès mes premiers jours, j’ai été marquées par le traitement qu’on nous réservait et les conditions de travail dans lesquelles on vivait chaque jour de service. Chaque 8 mars (Journée internationale des droits des femmes) a été l’occasion de se réunir, de réfléchir et de poser nos petites pierres. Ce fut laborieux de rallier les collègues à ma cause, souvent j’ai été découragée, mais j’ai eu tout le long une fidèle acolyte ultra motivée (qui se reconnaitra) (merciiiii !) avec qui on a pu débattre sur le sujet et concrétiser quelques actions. Et puis, des nouvelles ont continué d’arriver et certaines nous ont rejointes. Leur fraîche motivation nous redonnait espoir et force car il en faut, pour militer.
Sachez que le sujet principal sont les sanitaires. Peu nombreux, souvent en panne, sales, mixtes, pas chauffés (la plupart sont en extérieur), pas hygiéniques. C’est un combat de longue haleine. Grâce à cette cause féminine que j’ai défendue, j’ai pu rencontrer plusieurs personnes de la direction et échanger avec elleux, réfléchir à des pistes de solutions pour un meilleur confort au travail. Une belle expérience!
Plusieurs actions ont été et sont entreprises par la direction et les syndicats, les choses bougent. Et je sais qu’on y est pour quelque chose 🙂
Faire un métier de femme amène souvent des situations plus ou moins agrééables. Découvrez ici deux exemples de situations courantes et peu agréables vécues par Kim, ma collègue du dépôt de l’Avenue du Roi à Saint-Gilles. (Ré)écoutez son appel ici:
NB: Là-bas = au dépôt d’Ixelles 🙂
⬇️ ⬇️ ⬇️ cliquez ici et (re)découvrez l’article original de mars 2020 : ⬇️ ⬇️ ⬇️
Article du Soir, 21-22 mars 2020 Un spray, une lavette et des gants (carte blanche)
Il est 12h, je pars au travail. Comme j’aime le faire, je fais un détour par le Starbucks de Montgomery. Fermé. C’est l’occasion de me rappeler qu’il y a plus éthique comme endroit pour s’acheter un café. Que ça aussi, je pourrais changer après « tout ça ». Je continue ma route avec le tram 25, essayant de garder l’équilibre sans me tenir aux mains courantes, ni aux sièges. Oops, je me suis installée trop près de cette dame. Je recule. Mais zut, j’oublie de respirer dans mon cache-cou ! J’arrive au dépôt d’Ixelles, la porte d’entrée est ouverte pour ne pas avoir à la toucher. Certains collègues maladroits tentent encore de faire la bise ou de serrer la main. On s’assied avec hésitation pas trop près, pas trop loin. On est content.e.s de se voir mais, entre plaisir et prudence, on ne sait pas trop comment se comporter. Je pointe à la badgeuse, le nez et la bouche enfoncés dans mon cache-cou, c’est le début de ma journée.
Mon métier, c’est conductrice de trams. Et comme tout le monde, la routine de mon quotidien s’est vue chamboulée ces derniers jours. Tous mes gestes automatiques et mes habitudes doivent être repensés. Cela devient du sport de calculer quand je pourrai enfin me laver les mains. Remplir les documents administratifs, ranger mes affaires et puis aïe, je toucherai une poignée de porte et ce sera rebelote. Pour mon service, j’ai mes accessoires habituels mais depuis quelques jours, j’en trimballe de nouveaux : un spray désinfectant, une lavette rose en micro-fibres et une paire de gants bleus en latex. Je ne transvase plus mon grand pot de gel hydro-alcoolique dans un plus petit, je l’embarque carrément avec moi, pour en user aussi souvent qu’il me semblera adéquat. Il a d’ailleurs pris la place de ma bouteille d’eau dans mon poste de conduite.
À quoi ressemble à présent mes journées ? Comme pour toutes celles et ceux qui s’aventurent dehors : à un film de science-fiction. Les rues sont vides, mon tram désinfecté ne transporte que quelques personnes, le calme règne, c’est une drôle d’ambiance glauque. Il y a une impression d’invasion zombie, et nous sommes les derniers imprudents à tenter notre chance à l’extérieur. On se fera mordre, ou pas. Et vu que les voyageurs ne peuvent plus m’approcher, encore moins me parler, dans le fond le zombie, c’est peut-être moi… Les lignes et nos horaires sont chamboulés, les collègues ne sont pas présent.e.s pour les remplacements, au bureau les assistant.e.s sont débordé.e.s, il manque des trams sur le réseau mais on fait de notre mieux pour assurer le service.
Je me demandais hier si j’étais inconsciente ou courageuse de venir rouler. Ce qui est certain, c’est que rester chez moi sans rien faire, ça ne nous sortira pas de cette crise. Bruxelles a besoin de nous, alors, les mains desséchées et le regard concentré, je vous l’assure : comptez sur moi !
Malvina Reyns
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